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Limiter le travail du sol en bio

Patrice Le Callonnec observe un couvert de trèfle blanc nain qu'il a semé cette année en même temps qu'un blé de printemps.

Patrice Le Callonnec est l’un des premiers agriculteurs bio à avoir mis en pratique des techniques culturales sans labour. L’agriculteur expérimente encore et toujours sur son exploitation.

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Combiner autonomie alimentaire, simplification du travail et optimisation de l’heure travaillée : tel est le leitmotiv de Patrice Le Callonnec. Le sol est pour lui « la matrice », essentielle pour assurer l’autonomie alimentaire de ses animaux. Or, à son installation en 1996 à Mauron (Morbihan), Patrice Le Callonnec est très vite confronté à des problèmes de cailloux et de réserve en eau limitée sur ses parcelles. Il entend au même moment parler de plus en plus des problèmes d’érosion. En 2001, une rencontre le sensibilise aux vers de terre. C’est alors qu’il chemine vers les techniques culturales simplifiées (TCS).

« Voyant ce que faisaient d’autres agriculteurs, j’ai pensé que faire du semis direct allait être facile. Sauf qu’en bio, sans produit phytosanitaire, j’ai eu des déboires », reconnaît-il. « Si l’on veut obtenir de bons résultats, c’est par l’équilibre du sol qu’on doit commencer et non par le matériel. Le déséquilibre d’un sol se paie cash. Si un sol fonctionne bien, on évitera certains problèmes. »

Les amendements sont donc au cœur de son système. « Quand on met des animaux ou une culture sur une parcelle, on exporte, et pas que du NPK », rappelle-t-il. De 60 à 90 tonnes de calcium sont ainsi approtés sur un tiers des parcelles chaque année. La forme — coquille d’œuf, carbonate soufré ou magnésien — est adaptée selon les analyses de sol effectuées chaque année. « Ce qu’on apporte à la parcelle, on ne le mettra pas à l’auge », considère l’agriculteur breton, pour qui « plante équilibrée » rime avec « animal en bonne santé », une grande partie des cultures servant ici à l’autonomie alimentaire du troupeau laitier. Bore, soufre, manganèse sont également apportés suivant les besoins.

La passion de l’agronomie

Patrice Le Callonnec s’est vite rendu compte que « faire du copier-coller ne marche pas ». Il a appris à mieux observer ses plantes et ses parcelles, et cherche sans cesse à améliorer ses connaissances des plantes, du fonctionnement des sols, ou des techniques culturales. « Les premiers outils à avoir sont une bêche et un pénétromètre », s’amuse l’agriculteur, qui prône le retour à l’agronomie.

« Le déséquilibre en oligo-éléments d’un sol se paie cash »

Le semis direct étant encore difficile à maîtriser, Patrice Le Callonnec est alors revenu au travail du sol, par la fissuration, et au travail de surface. Mais il le limite le plus possible aujourd’hui, au cas par cas. « Surtout pas de labour », souligne l’agriculteur, qui explique rechercher un compromis entre TCS et semis direct.

Concernant le désherbage, Patrice Le Callonnec essaie de tout mettre en place en amont pour éviter les interventions après le semis de la culture : topping sur la prairie pour éviter la montée à graine, précaution dans la destruction de la prairie, fertilisation adaptée et rotation longue. La herse étrille reste une sécurité, si besoin, sur céréales d’hiver.

Les cultures de vente varient selon les années : blé d’hiver ou de printemps, avoine floconnerie, orge brassicole ou sarrasin (photo). (©  Audrey Dibet/GFA)

Vers davantage de semis direct

Le colza fourrager en interculture est ici semé directement dans les chaumes. Mais Patrice Le Callonnec voudrait développer davantage le semis direct. Il a semé cette année un blé de printemps, en même temps qu’un couvert de trèfle blanc nain qu’il souhaiterait laisser en place pour trois ou quatre ans. L’objectif est de pouvoir implanter dans ce couvert une céréale à l’automne, ce qui pose encore beaucoup de questions à l’agriculteur. D’abord au sujet de la variété de trèfle, qu’il souhaiterait plus naine que celle testée cette année. Patrice Le Callonnec voudrait aussi autoconstruire un outil à dents fines pour le semis. Mais il hésite sur les aménagements à apporter (un brûleur thermique, une petite fraise…). « Je veux remuer le moins possible la terre pour ne pas remettre des adventices en germination. Et trouver le compromis pour que la céréale et le trèfle s’y retrouvent. » À l’heure actuelle, il utilise en Cuma un semoir alternatif à disque à double cuve. Il espère enfin pouvoir investir en groupe dans un outil de destruction des couverts (Orbis de RollNSem) qui lui permettraient de semer en direct.

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